Édition du 23 avril 2024

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Canada

Défendre les droits humains des Palestiniens n'est pas du « terrorisme »

Le 22 octobre, le criminel de guerre israélien et « ministre de la Défense » Benny Gantz a désigné six organisations palestiniennes comme « terroristes ». Tous sont connus pour leur défense des droits humains palestiniens : Al-Haq, Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Defence for Children International Palestine, Bisan Center for Research and Development, Union of Palestinian Women’s Committees and l’Union of Agricultural Work Committees.

Il s’agit de la dernière des désignations répétées qui ont commencé plus tôt dans l’année par Gantz et le régime israélien pour désigner les organisations palestiniennes et internationales travaillant à défendre les droits des Palestiniens et à s’organiser pour la libération palestinienne comme des « terroristes ».

Le 21 février 2021, Gantz a déclaré qu’il ajoutait le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens Samidoun à la « liste terroriste » d’Israël. La désignation était fondée sur des accusations à la fois fallacieuses et fausses.

À l’époque, 35 organisations et plus de 100 individus, dont des artistes, des universitaires, des avocats et des membres du clergé, ont signé une déclarationinitiée par la Canada Palestine Association, qualifiant cette criminalisation du plaidoyer palestinien d’inacceptable et d’infondée. Plus de 800 lettres ont été envoyées au gouvernement canadien indiquant que « la défense de la Palestine n’est pas du « terrorisme ».

Fin août 2021, sans publier de communiqué de presse, Gantz a en outre déclaré « terroristes » le Forum EuroPal, l’International Legal Coalition for Palestine et la Popular Conference of Palestinians Abroad. Avec maintenant dix organisations, le régime israélien a pleinement adopté comme pratique et politique standard la désignation « terroriste » des organisations qui contestent efficacement son contrôle et exposent ses crimes aux niveaux local, régional et international.

Au Canada, le 3 février 2021, le Center for Israel and Jewish Advocacy (CIJA) a demandé que Samidoun soit inscrit sur la liste des terroristes du Canada. Cela a été inclus dans leur déclaration en réponse à l’annonce de Bill Blair, alors ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, que le Canada ajoutait 13 groupes à la liste des entités terroristes du Canada.

La Canadian BDS Coalition et d’autres ont demandé à l’époque : « Le moment choisi pour l’annonce d’Israël fait-il partie de ses tentatives pour détourner l’attention de l’enquête en cours de la Cour pénale internationale (CPI) ? »

Avec l’ajout le plus récent de six organisations, cette déviation de l’enquête de la CPI est devenue encore plus claire.

Le directeur général d’Addameer, Sahar Francis, lors d’une conférence de presse conjointe le 23 octobre 2021, « a réitéré ses inquiétudes quant au fait que les désignations étaient liées à l’avancement de l’enquête devant la CPI. »

La Canada Palestine Association a également noté en février 2021 que Benny Gantz est lui-même l’une des personnes qui pourraient être impliquées par la CPI pour d’éventuels crimes de guerre. Gantz était le chef d’état-major de l’armée lors de l’agression israélienne de 2014 contre Gaza. Le ministre canadien de la Sécurité publique de l’époque, Bill Blair, figurait sur la liste des membres du groupe interparlementaire Canada-Israël pour 2016, 2017 et 2019. Le nouveau ministre canadien de la Sécurité publique, Marco Mendicino, est vice-président de ce même groupe interparlementaire.

Cela soulève des questions : sont-ils les responsables de prendre une décision impartiale et équilibrée sur ce qui constitue le « terrorisme » ? Les politiques du Canada sur ces questions importantes devraient-elles être décidées par ce que dicte le gouvernement israélien ?

Dans le cas d’organisations comme Al-Haq, il est clair qu’Israël veut utiliser la désignation de « terroriste » pour s’assurer l’impunité des poursuites internationales, tandis que les désignations d’organisations comme Bisan, UPWC et UAWC visent à saper et à cibler la capacité de s’organiser des Palestiniens ainsi que la recherche et la souveraineté alimentaire. La désignation récente d’Addameer et de DEI Palestine, ainsi que la désignation actuelle de Samidoun, montrent clairement qu’il s’agit d’une tentative de couper les prisonniers politiques palestiniens - y compris les enfants emprisonnés - d’un soutien juridique, politique et moral croissant et d’attaquer le mouvement des prisonniers palestiniens.

De telles désignations n’ont aucun effet international et n’obligent personne à cesser de soutenir ces organisations.

Le 25 octobre 2021, des experts des Nations Unies ont condamné la désignation par Israël des défenseurs des droits humains palestiniens en tant qu’organisations terroristes, affirmant que « l’utilisation abusive des mesures antiterroristes de cette manière par le gouvernement israélien porte atteinte à la sécurité de tous. »Ils ont poursuivi en disant que « les libertés d’association et d’expression doivent être pleinement respectées afin de permettre à la société civile d’accomplir son travail indispensable, et ne peuvent être compromises par l’abus manifestement flagrant de la législation antiterroriste et sécuritaire ».

Cette criminalisation du plaidoyer palestinien est inacceptable et infondée ; les Canadiens d’origine palestinienne et leurs partisans n’ont aucune intention de permettre à des fonctionnaires biaisés de supprimer leurs droits démocratiques et leurs voix. Nous continuerons à travailler pour la justice et l’égalité pour les Palestiniens, que ce soit à travers le soutien aux prisonniers ou des campagnes de boycott ; nous ne permettrons pas que nos droits garantis à la liberté d’expression et d’association soient menacés ou restreints.

En vertu de l’article 1 de la Quatrième Convention de Genève, tous les hauts signataires, dont le Canada fait partie, sont tenus de prendre des mesures pour s’assurer que des violations de la Quatrième Convention de Genève (crimes de guerre) ne se produisent en aucune circonstance. Nous demandons au Canada d’utiliser tous les moyens économiques et diplomatiques disponibles pour tenir Israël responsable de ses violations du droit international (crimes de guerre).
 30-

Contacts :
Bruce Katz, Palestinian and Jewish Unity/Palestiniens et Juifs unis, kab1@videotron.ca (pour le français)

Hanna Kawas, Canada Palestine Association, hkawas@msn.com

Karen Rodman, Just Peace Advocates, karen.rodman@justpeaceadvocates.ca

https://bdscoalition.ca/

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