Édition du 23 avril 2024

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Opinion

Les prédateurs

Dans un monde de prédation où l’on met en vente les enfants pauvres du Tiers-Monde pour le prix d’un billet d’avion en Thaïlande, les scandales qui touchent la hiérarchie catholique sont le signe que jusqu’au sommet il y a des complices.

J’ai apostasié il y a des années grâce aux moyens mis à ma disposition par le Mouvement Laïque Québécois. Je suis passé à autre chose. Mais je me rends compte qu’on ne l’a pas assez fait autour de moi. Plusieurs autres, qui s’éveillent à peine, sont restés fidèles à une foi sur le déclin. Et la hiérarchie catholique, ou autre, est responsable du sort qui lui est fait. Elle n’a qu’elle à blâmer.

Devant les évidences, devant la vérité toute nue, il faut se méfier de ses propres réflexes d’Inquisition. Combien d’autres de la communauté des athées, des laïques ou des agnostiques s’associent aux rites païens, je dirais aux rites de prédation, qui consiste à sauter dans cet avion pour abuser de jeunes enfants pauvres que leur famille démunie vend pour manger.

On s’offusque des mœurs moyenâgeuses et obscurantistes d’une Église sclérosée trop engluée dans ses hypocrisies pour afficher l’autocritique qu’on réclame d’elle. Mais la pédophilie ne serait-elle pas aussi une forme de gangrène collective que l’on pourrait prévenir et qui s’attaque à nos sociétés fatiguées elles aussi où l’on donne accès aux enfants comme à des objets dont on peut disposer à sa guise pour faire des profits dans des garderies privées.

Il y a une responsabilité que l’on dénie tous ensemble quand on ne voit que le pédophile sans scruter la société marchande qui le crée et qui le laisse, replié sur lui-même, avec un appétit bestial que l’on peut soupçonner chez d’autres plus influents au contrôle d’une machine étatique qui laisse s’étioler les services aux enfants.

Ce scandale qui nous fait tourner les yeux vers des enfants abusés nous aveuglera-t-il sur ces millions d’enfants d’ailleurs qui meurent dans d’horribles souffrances par manque d’eau potable. Je n’ai de pitié, ni pour l’Église complice, ni pour les vertus que l’on s’attribue tout en étalant de temps en temps, comme dans le Pouilleux millionnaire, la misère anonyme à laquelle le néocolonialisme confine ces millions d’enfants … des autres. Le scandale serait-il alors trop troublant ?

Guy Roy

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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