— Est-ce que ton père te touche ?
Bang. Une balle exponentielle entre dans tous mes cœurs. Je suis en vie ! Mais ça fait vraiment mal. Vas-tu encore tirer ? Parce que si oui, je vais retourner dans mes tranchées.
— Pattie ?
— Non, il ne me touche pas.
Il me tue. Et tu fais pareil.
Faisant de l’inceste le western de toute une société, elle dénonce l’anesthésie sociale, la violence psychiatrique, le « viol doux ». Un livre-rodéo qui met la hache dans nos tabous avec la joie des grandes colères réparatrices.
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Pattie O’Green est l’extension identitaire d’une intello émotive qui se prend pour une cowgirl. Sur son blogue éponyme, elle fabrique des textes avec des couleurs, des typos, des images et des gifs animés. Remixeuse jusqu’au bout des doigts, elle tue l’inceste et célèbre sa wildness avec un clavier.
978-2-89091-500-8
130 pages • 12 x 16 cm • illustré • couleurs • 16,95$ / 16€
Également disponible en format ePub et PDF
[ extrait ]
À chaque fois que j’écris quelque chose quelque part, je pense à un éventuel happy end. C’est plus fort que moi : je veux absolument un happy end. Alors t’inquiète pas, si tu lis mon livre jusqu’à la fin, il va y avoir un happy end. Mais entre-temps, t’es at gunpoint. Pour comprendre certaines choses, il te faut un gun sur ta tempe. Mais ça mijote quand même, là, j’y pense à mon happy end.
Tiens, en attendant, juste pour le fun, l’autre soir, quelqu’un m’a dit : « C’est drôle, mais moi j’ai connu une fille qui aimait vraiment ça l’inceste, je te jure. Son père était très doux avec elle. C’était leur petit secret à eux ! »
C’EST DRÔLE !
C’EST
TELLEMENT
DRÔLE, JE TROUVE !!!
J’aurais peut-être dû garder cette histoire-là pour faire mon happy end. Parce que ça t’enlève un gun sur la tempe d’une société au complet une histoire comme celle-là. Parce que la tempe, il ne faut pas lui mettre trop de pression, je veux dire, y’a des histoires qui tournent bien. Savais-tu qu’une tempe, en boucherie, c’est un morceau de bois qui maintient écartés les deux côtés du ventre d’un animal abattu et ouvert ?
À BAS LA TEMPE !
Le viol est tellement doux par chez nous que ce n’est peut-être même pas un viol, je ne sais pas, mais j’ai entendu dire à Radio-Canada que ce n’était pas tous les viols qui étaient violents : des fois on se fait violer doucement. Des caresses forcées douces. Des cunnilingus forcés doux. Des pénétrations forcées douces. Des après-viols doux. Les viols doux sont moins pires que les autres. Ils sont moins pires que ceux qui arrivent ailleurs, c’est toujours moins violent quand une distance et un écran nous séparent des lieux du crime. On partage en masse la pétition sur avaaz . org qui parle de l’autre bout du monde, puis on ajoute des émoticônes. C’est pas mal plus facile que de faire des faces d’empathie à des gens qui partagent notre mode de vie.