Édition du 8 octobre 2024

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Environnement

Nouvelle stratégie des gazières et des pétrolières

Nouvelle offensive de charme des porte-parole de la filière des hydrocarbures au Québec ! Samedi dernier, devant un parterre de gens d’affaires réunis par la Chambre de commerce de Montréal, Michael Binnion, président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, tentait de convaincre les décideurs et le gouvernement de la nécessité d’implanter des projets pilotes pour qu’on puisse enfin obtenir des données sérieuses sur les avantages et les inconvénients de l’exploitation du gaz du schiste.

L’auteur est membre du Comité de vigilance gaz de schiste de Roxton Falls, Regroupement interrégional sur le gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL)

Le même jour, M. Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), dans une entrevue au journal Le Soleil, préconisait le démarrage de « deux ou trois » projets pilotes d’exploitation de gaz de schiste à l’île d’Anticosti et dans la plaine du Saint-Laurent et invitait le Québec à cesser de « niaiser avec le puck » au sujet du développement de ses ressources naturelles.

Mais pourquoi devrait-on lancer de tels projets pilotes si, de l’avis même de M. Thomas, « de l’information, on en a déjà en masse » ? C’est la stratégie des petits pas ? On veut convaincre (acheter ?) une à une les municipalités d’accueillir des sites d’exploitation gazière pour qu’elles puissent enfin comprendre à quel point cela leur apportera bonheur et prospérité ? La richesse instantanée ? La solution à tous les problèmes ?

On peut avoir des doutes. De l’information, justement, nous en possédons aujourd’hui « en masse ». Aujourd’hui même, l’Organisation météorologique mondiale nous apprenait que la concentration de CO2 dans l’hémisphère nord a battu un record ce printemps, signe incontestable de l’accélération du réchauffement climatique, imputable surtout à la combustion d’énergies fossiles.

Le signal d’alarme du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne laisse aucune place au scepticisme : la planète subit des bouleversements climatiques qui s’annoncent catastrophiques si rien n’est fait pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre générées par l’activité humaine. Même la NASA américaine le confirme.

Ce n’est pas en se lançant dans une course effrénée pour l’exploitation de nouveaux hydrocarbures que l’on assurera la croissance, la prospérité et l’indépendance énergétique du Québec, mais en amorçant dès maintenant un virage radical en vue de réduire progressivement notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. Mais les politiques et les gens d’affaires restent sourds, obnubilés par les hypothétiques retombées économiques de ces nouveaux hydrocarbures non conventionnels, dont l’exploitation s’inscrit dans le court terme et a des allures de bulle financière.

Devant un dossier aussi complexe, il est tentant de chercher des réponses simples (voire simplistes) qui ne remettent pas en question le modèle économique dominant. Mais cela ne ferait que retarder la mise au point de modes de production et de consommation plus sobres, plus efficaces et plus respectueux à la fois de notre écosystème et de notre intérêt à long terme. Bref, cela ne ferait que repousser notre rendez-vous avec la réalité : le réchauffement climatique se poursuit et s’aggrave. Décidément, le gaz et le pétrole de schiste ont tout du cadeau empoisonné.

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