Édition du 26 mars 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Quelle conciliation famille-travail ?

On n’aura jamais autant parlé de conciliation famille-travail qu’en cette Semaine québécoise des familles. Il faut dire que la fracassante démission de Pierre-Karl Péladeau de son poste de chef du Parti québécois et chef de l’opposition officielle pour des raisons familiales aura permis de placer le sujet à l’avant-scène !

Sommes-nous trop exigeants ?

Comment se fait-il que dans certaines régions du monde, comme en Norvège, il est normal qu’un ministre termine sa journée à 16 h pour aller chercher ses filles au service de garde et à l’école ?

Se pourrait-il que nous soyons trop exigeants ? Notre approche très « nord-américaine » du travail se reflète-t-elle dans les attentes que nous avons face à nos politiciennes et politiciens ? Avec les nouvelles technologies et l’information en continu, la situation ne fait que s’exacerber. Un tel rythme a des effets importants sur la vie personnelle et la vie familiale.

En ce sens, il sera intéressant de suivre la campagne de Véronique Hivon, candidate à la chefferie du Parti québécois, qui a annoncé qu’elle ne ferait campagne que quatre jours par semaine pour pouvoir passer du temps avec sa famille.

Pas que les politiciennes et politiciens

Il n’y a pas que les personnes élues qui se sentent dépassées par le rythme effréné du monde du travail. Selon un sondage mené par le Réseau pour un Québec Famille (RQF) en 2014, 45 % des parents ont de la difficulté à concilier leurs obligations familiales avec celles du monde du travail.

C’est un problème de plus en plus présent puisqu’il entraîne chez les parents un fort sentiment de culpabilité, du stress et de l’anxiété. En fait, 72 % d’entre eux se sentent coupables lorsqu’ils priorisent leur emploi plutôt que leur famille, toujours selon le sondage du RQF.

Un changement de paradigme

Le monde du travail ne deviendra pas moins exigeant par magie, du jour au lendemain. Comme pour tout changement social majeur, un encadrement sera nécessaire si l’on veut que les familles du Québec puissent souffler un peu.

Plusieurs employeurs ont déjà des modèles très intéressants de conciliation qui permettent à leurs personnes salariées de conjuguer famille et carrière. Ils sont l’avant-garde d’un changement de paradigme plus que nécessaire. Malheureusement, ce n’est pas la norme. Pour sortir de cet état d’exception, il faudra changer les comportements et la culture organisationnelle dans tous les milieux de travail.

Un projet de société

La Coalition pour la conciliation famille-travail-études, dont la CSQ est membre, propose justement une plateforme politique contenant plusieurs propositions concrètes qui pourraient se retrouver dans une loi-cadre favorisant un meilleur arrimage des milieux de travail aux réalités des familles et des étudiantes et étudiants. Cette loi-cadre obligerait tous les acteurs de la société à s’engager activement pour améliorer les conditions de vie et de travail de toute la population.

Une telle loi-cadre, accompagnée d’une vaste campagne de sensibilisation et d’information, permettrait de faire en sorte que plus personne ne soit placé devant le choix déchirant entre sa carrière, ses études ou ses enfants.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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