
Démocratie - Histoire politique d’un mot
Francis Dupuis-Déri
Ce livre devrait être lu par tout le monde ! C’est un document essentiel pour bien comprendre l’histoire des derniers siècles et nos supposées démocraties et prendre position sur le monde d’aujourd’hui. C’est un essai fouillé, d’une lecture facile et des plus agréables qui remettra peut-être à l’épreuve – qui sait ? – certaines de vos conceptions politiques. Vous en redemanderez, j’en suis sûr... Si c’est le cas, je vous suggère, du même auteur, « La peur du peuple », que vous aimerez probablement aussi beaucoup.
Extrait :
Il a suffi d’à peine deux ou trois générations pour que le mot « démocratie », qui signifiait depuis deux mille ans le gouvernement du peuple par le peuple, en vienne à désigner un régime politique où une poignée de politiciens élus prennent les décisions au nom du peuple. Si le droit de voter et d’être élu s’est élargi pour les hommes, au point où l’on parle de suffrage « universel », ces électeurs n’ont pas plus qu’avant le droit de participer directement à l’élaboration des lois et le pouvoir est toujours entre les mains de quelques centaines de politiciens élus.

Entretiens avec Guy Rocher
François Rocher
Le sociologue Guy Rocher nous a quitté le mois dernier à l’âge de 101 ans. Les plus jeunes générations l’ignorent en grande partie, mais la contribution de cet intellectuel à la transformation et à l’épanouissement du Québec a été des plus importantes, entre autres dans les domaines de l’éducation et du statut de la langue française. Ces entretiens avec le politicologue François Rocher ont été publiés il y a une quinzaine d’années. Guy Rocher y parle du nationalisme canadien-français et de l’indépendance du Québec, de changement social et de réformes, de culture et de langue, d’éducation, des jeunes et des rapports entre les générations et du droit et de la sociologie du droit. Une lecture vraiment enrichissante !
Extrait :
Le droit est fait de contraintes, c’est sa nature, son essence. Dans la mesure où le droit se multiplie, on multiplie les contraintes. Le paradoxe est qu’en même temps, cette multiplication du droit est une condition de notre liberté. Le droit nous confère en même temps des obligations et des droits subjectifs. Il y a donc ce paradoxe dans le rapport entre les liberté et le droit : la liberté a constamment besoin d’être redéfinie par le droit en même temps que le droit multiplie les contraintes et fixe les limites de cette liberté. C’est avant tout le cas dans nos sociétés contemporaines : on y a développé une législation de la liberté, ce qui est assez étonnant, même contradictoire dans les termes. Les chartes institutionnalisent ce paradoxe : il a fallu légiférer pour nous dire quelles étaient nos libertés, et du même coup les baliser, les encadrer, les juridiciser jusqu’à parfois nous priver de certaines.

Nouvelle histoire de Mouchette
Georges Bernanos
Ce roman se veut modeste jusque dans son titre, où l’auteur reprend le prénom d’un personnage utilisé dans un précédent roman. Pourtant, sous ce titre discret, se cache véritablement l’un des chefs-d’œuvre de Georges Bernanos et de la littérature. Bernanos nous emmène avec une jeune fille dans un univers grisâtre et boueux. Malgré son désir à peine conscient de révolte contre le déterminisme qui la relègue au rang des indésirables, Mouchette, par son manque d’expérience des relations humaines, est incapable de se prémunir des dangers liés à la concupiscence et la duplicité de certains adultes. C’est ce qui fera d’elle une victime passive de son malheur. Imprégnée de ses émotions et de ses peurs, elle expérimente avec détresse la solitude dans laquelle l’incompréhension des autres plonge les êtres différents comme elle. Un de ces très beaux romans qui vous amènent tout droit à l’amour de la littérature…
Extrait :
Ils s’assoient de chaque côté de l’âtre et Mouchette tient les yeux fixés sur ses galoches. La réflexion lui est si peu familière qu’elle n’a aucune conscience de l’effort qu’elle fait pour comprendre. S’il lui arrive de s’échapper souvent d’elle-même, grâce au rêve, elle a perdu depuis longtemps le secret de ces routes mystérieuses par lesquelles on rentre en soi. Il lui semble seulement que tout le feu de sa vie, toute sa vie est maintenant concentrée au même point, au même point douloureux de sa petite poitrine, qu’elle y prend peu à peu la dureté, l’inflexible éclat du diamant. Oui, du diamant, d’une de ces pierres magiques dont Madame affirme qu’elles se rencontrent, enfermées là depuis des siècles, au cœur noir d’un bloc de charbon. Elle n’ose regarder M. Arsène. Mais ce qu’elle redoute le plus, c’est de l’entendre. Une parole de lui, dans ce silence, la briserait sûrement comme verre.
Les mauvais jours finiront
Samuel Mercier
Si le titre de ce livre laissait espérer une approche beaucoup plus optimiste et stimulante quant à l’avenir, cet « hommage aux indésirables » n’en constitue pas moins un excellent essai sur ceux et celles que notre société s’efforce d’invisibiliser – les personnes âgées, les pauvres, les autochtones et les minorités. Plus généralement, comme on peut le lire en quatrième de couverture, il explore « des lieux tantôt communs, tantôt secrets dans lesquels des individus survivent à un monde où tout est devenu jetable, y compris les êtres humains ».
Extrait :
Notre système pourri de retraites rend la transmission du patrimoine difficile. Les pensions d’État, au maximum, arrivent à peine à vous garder sous le niveau de la pauvreté, et la plupart des régimes de retraites ne sont pas indexés dans un monde où l’inflation rogne vos revenus. Dans ce contexte, le capital immobilier est souvent le seul fond de retraite des baby boomers, et ils devront tôt ou tard se départir de biens qui retomberont entre les dents des requins bien avant de servir leurs héritiers.
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