Démocratie des urnes et démocraties de la rue
Jean-Marc Piotte
Jean-Marc Piotte est décédé il y a deux ans à l’âge de 82 ans. « Démocratie des urnes et démocraties de la rue » est un peu considéré comme son testament intellectuel nous explique-t-on en quatrième de couverture. Résolument progressiste et ouvert aux débats d’idées, le politicologue y plaide avec intelligence et discernement entre autres pour la justice sociale, la protection de l’environnement, l’égalité entre les hommes et les femmes et l’intégration des immigrants. C’est un bouquin éclairant écrit par un essayiste éclairé. Je vous en recommande la lecture.
Extrait :
Les anarchistes ne partagent pas cette vision. Quels que soient les libertés fondamentales et les contre-pouvoirs, la démocratie représentative demeure sous la tutelle de l’oligarchie. Cette vérité est d’autant plus éclatante que la mondialisation a entraîné des gouvernements « socialistes ou sociaux-démocrates » à s’agenouiller devant les puissances de l’argent et à faire payer au peuple la crise économique que celles-ci avaient engendrée. De plus, la victoire électorale d’un parti anti-oligarchique ne supprime pas le pouvoir de l’oligarchie, comme l’a révélé, au Chili en 1970, le renversement du gouvernement d’Allende par l’armée de Pinochet soutenue par la CIA. La seule alternative à la démocratie représentative serait donc le régime dans lequel le peuple exerce le pouvoir, la démocratie directe.
La vengeance des mal-aimés
Raymond Ouimet
Ce livre a été publié cette année. Raymond Ouimet nous y rappelle trois drames ayant marqué l’actualité judiciaire dans la première moitié du XXe siècle. Le premier se déroule au début du siècle dans les Laurentides. Un agriculteur ne supporte pas de se voir privé de l’amour de sa femme et de ses enfants en raison de son beau-frère et se voit accusé du meurtre de celui-ci. Les deux autres se déroulent à l’époque de la grande dépression ; le premier, dans le Pontiac, à l’île aux Allumettes, l’autre dans la région de Québec, et impliquent de nombreuses victimes. Le recueil est bien documenté et très agréable à lire. On y découvre des pans intéressants de notre histoire judiciaire en ces époques de peine capitale, mais aussi, indirectement, de notre histoire en général. J’ai beaucoup aimé.
Extrait :
Sainte-Scholastique, 10 juin 1904. Le village agricole québécois de 800 habitants, chef-lieu du district judiciaire de Terrebonne, resplendit sous les rayons d’un soleil printanier et s’imprègne des mille et un parfums que dégage la riche campagne environnante arrosée par une pluie torrentielle la veille. Il fait beau et la bonne humeur pourrait se lire sur le visage des habitants si ce n’était du drame qui se prépare à la prison locale attenante au palais de justice construit il y a 39 ans.
Une fratrie
Brigitte Reimann
Traduit de l’allemand
Ce roman, publié en Allemagne de l’Est l’année de ma naissance et qui avait suscité l’enthousiasme et des polémiques à l’époque, est devenu aujourd’hui un classique de la littérature allemande. Il se situe un peu avant l’érection du Mur de Berlin, en 1961, alors qu’il était encore possible de franchir la frontière entre l’Est et l’Ouest. Elisabeth est une jeune artiste-peintre communiste de 24 ans qui vit en Allemagne de l’Est avec sa famille. Après le passage de son frère aîné vers l’Ouest, elle tente en deux jours, avec son fiancé, de dissuader son autre frère, Uli, de faire la même chose. Un beau et bon roman qui nous fait pénétrer dans la réalité d’une société et d’une famille déchirée par la division de son pays.
Extrait :
À cet instant précis, je compris ce que signifiait l’expression l‘Allemagne divisée. Je l’avais lue si souvent, dans des éditoriaux, des articles et parfois, rarement, dans des récits ; il m’était à moi aussi arrivé, à l’université et au combinat, de mentionner, par écrit ou oralement, « la tragédie allemande », et cette expression, je l’avais employée, sans arrière-pensée. Maintenant, je savais ce qu’elle signifiait.
La vie quotidienne en Russie au temps du dernier tsar
Henri Troyat
L’engouement exagéré pour les Romanov et la famille de Nicolas II m’a toujours un peu troublé. Cet ouvrage, qui fait partie d’une collection sur la vie quotidienne dans différents lieux, à différentes époques, nous offre de façon documentée les détails de la vie en Russie en 1903, à l’époque du dernier tsar, Nicolas II. La Russie était à l’époque une société fort religieuse, aux nombreuses cultures, et une société parmi les plus inégalitaires, où la richesse et le luxe d’une minorité côtoyait allégrement le grand dénuement matériel et intellectuel de la vaste majorité. Un livre très bien écrit, agréable à lire et très instructif.
Extrait :
Au-dessus de ce potentat régional, il n’y avait que les hauts personnages présidant aux destinés de l’empire : le tsar, dont le pouvoir illimité était consacré par l’Église, le Conseil d’empire, formé de tous les ministres et de quelques puissants dignitaires, dont le rôle était de sanctionner les lois, le Comité des ministres, qui préparait les mesures législatives, le Très Saint-Synode, chargé de veiller à la vie religieuse de la nation, et le Sénat, lui-même divisé en huit départements, dont la compétence s’étendait à la publication des ukases, à la confirmation des titres de noblesse, à la fixation des limites de la propriété foncière et au jugement en cassation des affaires civiles et criminelles. Tout cet appareil politique et administratif était soutenu par une police forte.
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