Mais, nous sommes rassurés, car ce n’est pas seulement pour sauver le Moyen-Orient, mais aussi pour sauver « notre mode de vie » et nos « valeurs » de ce dernier épiosode de la violence terroriste. A en croire le Premier ministre, nous sommes tous sous la menace imminente de l’EA qui influence de 80 à 100 terroristes "bien de chez nous" pour qu’ils commettent des actes violents contre nous ici au Canada. Ces derniers jours, il y eu deux de ces attaques. À Saint-Jean-Sur-Richelieu au Québec, Martin Couture-Rouleau s’est attaqué à deux membres de l’armée canadienne, tuant l’adjudant Patrice Vincent et blessant son camarade. À Ottawa, Michael Zehaf-Bibeau a tué le caporal Nathan Cirillo, qui était de garde à un Monument commémorant la guerre. Les deux assassins convertis à l’Islam se sont "radicalisés." Ils ont répondu à l’appel des médias sociaux de l’EA envers leurs partisans dans les pays qui participent à la guerre contre l’EA à commettre des actes violents pour soutenir la cause. Les deux hommes avaient voulu rejoindre le combat, mais ce fantasme fou a été bloqué parce que leurs passeports ont été révoqués. Nous ne saurons jamais le fin mot de l’histoire puisque les deux ont été abattus.
Harper a un plan
La façon dont des bombardement en Irak par nos avions vont nous protéger d’actes insensés ici de la part de déséquilibrés n’est pas très clair. Mais Harper a un plan, attiser l’hystérie et la peur peut aider à sa réélection. Il veut restreindre davantage les libertés civiles et les protections constitutionnelles des citoyenNEs contre les abus de pouvoir de l’État. Il veut donner à la police secrète plus de pouvoirs. S’il pouvait en finir avec ces dernières, il pourrait sans doute proposer une nouvelle catégorie de « crimes d’opinion » utilisées contre ceux jonglant, pensant ou lisant des propos jugés « terroristes » ou encore « laxistes » ou , à Dieu ne plaise, « sur la sociologie due terrorisme." Mais ne vous attendez pas qu’Harper pose des gestes essentiels comme réintroduire et renforcer la loi sur le contrôle des armes à feu qu’il a jetée aux poubelles.
Il ya trente-cinq ans, le président américain Jimmy Carter a annoncé une doctrine de politique étrangère au Moyen-Orient en déclarant que l’intérêt vital des Etats-Unis, était de faire passer cette région, de façon unilatérale, sous la sphère d’influence des États-Unis pour protéger sa sécurité énergétique, militaire et géopolitique. Quand un empire fait une telle déclaration, cela signifie qu’il peut et va faire ce qui est considéré nécessaire pour assurer ses objectifs de politique, quelle que soit le droit ou les règles internationales. Les États-Unis ont été en guerre dans la région de façon plus ou moins continue depuis lors. Beaucoup de ces guerres ont été des guerres par procuration où les Etats-Unis ont encouragé, par de l’argent t les fournitures militaires un ou l’autre belligérant (Israël contre les Palestiniens, l’Irak contre l’Iran, Oussama Ben Laden contre les Russes en Afghanistan). Plus récemment, les États-Unis ont dû envoyer des soldats sur le terrain pour atteindre ses objectifs (les guerres du Golfe, l’invasion, l’occupation et pour assurer deschangements de régime en Irak et en Afghanistan). Certains de ces soldats étaient canadiens. Ces guerres ont échoué à atteindre leurs objectifs. L’escalade de la destruction et de la mort, à chaque étape, a fait aux États-Unis et ses alliés des pays de moins en moins sécuritaires. Le fait incontournable est que nous sommes tous moins sen sécurité en raison de l’échec des aventures militaires de l’Amérique au Moyen-Orient. L’Irak et en l’Afghanistan ont été réduits à un champ de ruines et des milliers de personnes ont été abattus. Le seul résultat clair est que nous sommes profondément détesté parmi la population de toute cette région.
L’empire américain est en déclin, et il s’accroche de plus en plus désespérément à son statut de principale super-puissance mondiale. Les États-Unis se considère comme la civilisation la plus grande et la plus avancée de l’histoire. Les valeurs et des systèmes de droit et de gouvernement des États-Unis devraient être imités dans le monde entier. Les Américains jugent toutes les sociétés à l’aune de cette règle d’or, et si ces sociétés ne s’y conforment pas suffisamment, elles sont considérées de toute manière comme une menace ou une entrave à l’avancée des intérêts américains, et elles doivent en subir les conséquences : boycotts commerciaux, l’ingérence dans les affaires intérieures (y compris l’assassinat ciblé des dirigeants politiques gênants), et , le cas échéant, conquête et occupation militaires. Sur les questions clés du monde, ce que les États-Unis veulent doit s’imposer. Au moins, cela était courant. Mais plus pour longtemps.
Voilà le danger. Le Canada a lié son sort à un Empire en déclin, jamais plus clairement que pendant les années du gouvernement de Stephen Harper. Voulons-nous, en tant que pays, à nous laisser entraîner dans cette spirale infernale, en soutenant pleinement chaque aventure militaire désespérée des Américains ? Voulons-nous devenir comme les Etats-Unis le pays le plus détesté (et le plus craint) au Moyen-Orient, et partout où nous accompagnons les Etats-Unis dans son déclin ?
La guerre est un grand désordre et il est difficile de trouver une position de principe claire à défendre. Nous faisons face ici à une confrontation entre la « techno-barbarie » des États-Unis et de ses alliés et la « barbarie médiévale » de l’État islamique.
Le tribunal de l’Histoire
Dans 50 ou 100 ans, lorsque nous nous présenterons devant le tribunal de l’histoire, ce sera le jugement ? Il n’y a pas de doute sur l’ÉA et sa barbarie médiévale. L’EA comparaîtra devant ce tribunal ruisselant du sang de milliers d’innocents brutalement abattus sans remords - ceux pratiquant la mauvaise religion, appartenant à la mauvaise ethnie ... ou ceux et celles venus leur apporter leur aide. La culpabilité de l’EA sera claire établie. Ils ont laissé de nombreuses preuves de leurs actions qu’ils ont allègrement diffusés sur les médias sociaux pour narguer les États-Unis et leurs alliés. Et les Etats-Unis et leurs alliés ont répondu exactement comme il l’espèrait : chaque bombe larguée et chaque frappe d’un drone signifient l’exacerbation de la haine pour l’Occident et plus de recrues pour l’État islamique.
Qu’en est-il de la techno-barbarie des États-Unis et ses alliés ? Selon une étude récente sur l’utilisation de drones américains au Pakistan, en moyenne pour chaque combattant ennemi tué dans une attaque de drone, 49 civils sont également tués. Les drones américains se livrent généralement à des frappes à double détente. On tire un missile. On attend et on en tire un second lorsque les sauveteurs se bousculent pour extraire les victimes des décombres. Nous savons par les guerres du passé que les bombardements causent des dommages collatéraux élevés parmi les innocents.
Les voyous de l’État islamique comparaîtront devant le tribunal dégoulinant de sang. Ceux qui ont ordonné et lancé des bombardements et des frappes de drones se présenteront avec leur complet costume élégant, ou en uniformes militaires bien pressés. Pas une goutte de sang ne sera perceptible. Mais la preuve du carnage sera établi par leur bilan historique.
Quel sera le jugement de l’histoire ? À quelle échelle mesurer la barbarie ?
Pour ma part, je partage la position de Jean Chrétien en ce qui concerne la guerre contre l’État islamique : aucune action militaire, se retirer de l’alliance avec les Américains, ramener les avions de combat au pays et les retourner dans les entrepôts. Puis envoyer de grandes quantités d’aide humanitaire pour nourrir les affamés, soiogner les blessés, et consoler les endeuilléEs.
