Édition du 23 avril 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet du 29 août

Mardi soir sur la rue Fleury

Il fait beau ce soir dans notre sympathique quartier d’Ahuntsic. Malgré la rentrée scolaire et le retour au travail, il y a presque encore une atmosphère de vacances. Au café du coin, une cinquantaine de personnes sont attablées pour discuter politique, rien de moins. André Frappier qui est le candidat de QS ici explique le « rêve ». Il le rend palpable et compréhensible, autour de cette idée d’une assemblée constituante où pour la première fois dans notre histoire, le peuple aurait réellement la parole. Cette assemblée constituante raconte André, ce serait plus qu’une élection, plus qu’un référendum, plus qu’une consultation vite faite menée par les experts avec leurs messages publicitaires et leur démagogie. On prendrait le temps, mais oui. On discuterait des grands enjeux et on définirait la société dans laquelle on voudrait vivre. À côté de cette pseudo démocratie qui fait en sorte qu’il faut voter à tous les 4 ans pour « le moins pire des deux », cela serait un pas de géant. Oui on rêve, car cela n’est pas pour demain … Mais est-ce seulement un rêve ?

Dans Ahuntsic comme dans d’autres quartiers et patelins, quelque chose se passe. En mai dernier, on était quelques milliers à frapper nos casseroles. Le « monde ordinaire », comme les jeunes familles avec leurs enfants, était sorti dans la rue, souriant et fâché en même temps. Sur les balcons, des tas de gens nous encourageaient. Et pour une fois, de toutes les origines (le quartier compte bon nombre de personnes originaires du Maghreb, du Liban, d’Haïti). C’était quelque chose de magique. D’autant plus qu’à Ahuntsic, on n’est pas sur le Plateau ou dans Villeray. La dernière fois qu’il y a eu une manifestation avant les carrés rouge, c’était la procession pour le Vendredi Saint, bérets blancs en tête ! J’exagère à peine …

Ce printemps, nos chers étudiantEs ont mis le doigt sur le bobo. Ils ont nommé avec des mots simples et des explications accessibles à tous et toutes le malaise qui traverse notre société. Ils ont touché nos cœurs, mais pas d’une manière rose-bonbon. On dira que le message n’a pas passé pour 50 % de la population (à l’extérieur de la région métropolitaine de Montréal), c’est partiellement vrai. La racaille réactionnaire qui domine presque toujours les municipalités et le monopole quasi total des médias-poubelles de Quebecor sont deux des raisons qui expliquent cette coupure, mais ça, c’est une autre histoire.

Revenons à notre rue Fleury, où la rumeur urbaine a changé de ton. Québec Solidaire était avant cette mutation une sorte de gros groupe militant, où on se connaissait par son petit nom. Aujourd’hui, il y a trop de monde pour cela et surtout, ils et elles s’identifient à QS d’une autre manière. Le membership en tout cas a doublé (plus de 200), dont plusieurs aident à la campagne d’André Frappier, un gars qu’il est impossible de ne pas aimer. Beaucoup de monde estime que QS maintenant, c’est leur projet.

Certes, il se produit chez nous ce vote « utile » où des tas de gens vont voter pour la candidate du PQ, Diane De Courcy, qui est une professionnelle connue et respectée dans le milieu scolaire, et donc qui passe bien. Sa victoire plus que probable est également liée au fait que le vote pour les Libéraux (traditionnellement les personnes âgées et les gens d’origine italienne) semble être sérieusement érodé et que le message de François-le-matamore n’impressionne pas assez de monde. Quant à De Courcy, on lui souhaite bonne chance si elle est élue, car elle va se retrouver dans ce bric-à-brac indigeste qu’est devenu le PQ « lucide ». Pour autant, même en tenant compte de ce facteur du vote « utile », avec un peu de chance, QS doublera le nombre et le pourcentage de ses votes.

Entre-temps, le travail patient et systématique fait par l’équipe d’André porte d’autres semences. Avec les carrés rouges pousse une nouvelle plante démocratique. Des barrières intergénérationnelles sont brisées. Un nouvel élan de résistance s’enracine autour d’initiatives auto-organisées par les citoyenNEs. On ne croit plus les mensonges des dominants. On cherche autre chose. Qui va pouvoir arrêter cela ?

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