Édition du 18 mars 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Blogues

Comptes rendus de lecture du mardi 18 février 2025

La peur du peuple
Francis Dupuis-Déri

J’ai lu de nombreux bouquins de Francis Dupuis-Déri, un de nos intellectuels que j’apprécie beaucoup. « La peur du peuple » est un essai fouillé sur la « démocratie directe » – la véritable démocratie en fait, celle de l’agora. Dupuis-Déri nous y présente la lutte entre l’agoraphobie et l’agoraphilie politiques, soit entre la haine et l’amour de la démocratie (directe), en décrivant les arguments et les manœuvres des deux camps. Le peuple, dont nous faisons partie, a-t-il la capacité de s’autogouverner ? Doit-il être gouverné par une élite pour que triomphe le bien commun ? Peut-on parler de démocratie si le peuple ne s’assemble pas pour exprimer et incarner sa volonté politique ? Un essai éclairant et agréable à lire. Une travail remarquable...

Extrait :

En effet, il est pour le moins curieux de conclure que le régime électoral est l’équivalent moderne de la démocratie (directe), simplement parce que celle-ci serait impossible dans la modernité. Cette prétendue impossibilité devrait nous mener à conclure que nous ne vivons pas en démocratie. Mais plusieurs préfèrent affirmer qu’un régime électoral, c’est finalement comme la démocratie (directe), voire mieux encore selon les principes de la démocratie. C’est comme si, ne pouvant avoir de carrés, nous disions que les cercles sont non seulement des carrés, mais que les cercles sont même plus carrés que les carrés, et que les carrés sont dans les fait une menace aux seuls vrais carrés, les cercles.

Les sacrifiés de la bonne entente
Luc Bouvier

Ce très intéressant bouquin raconte l’histoire des francophones du Pontiac. Au début de sa colonisation, dans la première moitié du 19e siècle, le Pontiac est une terre plus ou moins réservée à la population anglophone. Tranquillement, en raison de l’industrie forestière, les francophones s’y installent. Dans les années 1950, la population d’origine française devient majoritaire, mais l’anglicisation fait des ravages. Deux institutions vont assurer cette assimilation des francophones : l’école et l’église. L’institution scolaire, gérée majoritairement par des commissaires irlandais, refuse d’offrir un enseignement français selon le poids démographique des francophones, allant jusqu’à appliquer dans ses écoles le règlement 17 du gouvernement de l’Ontario. Elle permet de la sorte l’anglicisation de générations de francophones. L’église a également travaillé à assurer la suprématie de la langue et de la culture anglaises dans le Pontiac. Sous la gouverne de l’évêque ontarien de Pembroke, le clergé n’offre la plupart du temps qu’un ministère de langue anglaise aux francophones et combat toute initiative qui leur serait favorable. J’aime l’histoire, et particulièrement la nôtre, et j’ai beaucoup aimé ce bouquin.

Extrait :

Cette anecdote résume toute l’histoire des relations entre francophones et anglophones, officiellement marquées du sceau de la bonne entente. C’est cette histoire, cachée et niée, autant par la communauté anglophone que francophone mais pour des raisons bien différentes - que raconte ce livre. Cette histoire, c’est aussi celle de la plupart des minorités francophones à travers le Canada qui vivent sous la camisole de force du bon-ententisme.

Les Frères Karamazov
Fiodor Dostoïevski
Traduit du russe

Plusieurs personnes ont raconté avoir tout lu ou presque tout lu les romans de Dostoïevski à une certaine époque de leur vie. Ce fut entre autres le cas de l’historien Roger Blanchette. « Les Frères Karamazov » est le dernier roman de ce très grand écrivain russe et son meilleur de l’avis de plusieurs. Je dois aussi admettre que c’est un de ses bons romans, et probablement le plus abouti, même si je lui ai préféré « L’idiot ». « Les Frères Karamazov » est un long drame familial, dans lequel le père, plutôt odieux, finit assassiné, et qui tourne autour de trois frères, ses fils Dimitri, Ivan et Aliocha. Derrière ce qui ne ressemble plus guère à un roman policier, ce sont les interrogations sur la raison d’être de l’homme, sur la misère, sur l’orgueil, sur l’innocence aussi, qui se jouent dans cette Russie, peu après les réformes de 1860.

Extrait :

Alexéi Fiodorovitch Karamazov était le troisième fils d’un propriétaire foncier de notre district, Fiodor Pavlovitch, dont la mort tragique, survenue il y a treize ans, fit beaucoup de bruit en son temps et n’est point oubliée. J’en parlerai plus loin et me bornerai pour l’instant à dire quelques mots de ce « propriétaire », comme on l’appelait, bien qu’il n’eût presque jamais habité sa « propriété ». Fiodor Pavlovitch était un de ces individus corrompus en même temps qu’ineptes – type étrange mais assez fréquent - qui s’entendent uniquement à soigner leurs intérêts. Ce petit hobereau débuta avec presque rien et s’acquit promptement la réputation de pique-assiette : mais à sa mort il possédait quelque cent mille roubles d’argent liquide. Cela ne l’empêcha pas d’être, sa vie durant, un des pires extravagants de notre district. Je dis extravagant et non point imbécile, car les gens de cette sorte sont pour la plupart intelligents et rusés : il s’agit là d’une ineptie spécifique, nationale.

S’indigner, oui, mais agir
Serge Mongeau

J’ai rencontré Serge Mongeau il y a de nombreuses années lors d’un salon du livre. Ça avait été fort agréable. C’est un homme aimable, humain et sans prétention. Celui que l’on nomme en fait le père de la simplicité volontaire au Québec poursuit dans ce petit essai de moins de cent pages sa défense du bien commun, de l’environnement et de la justice. Même s’il nous y donne l’heure juste sur la situation dans le monde, il ne baisse pas lui-même les bras. Il nous incite bien plutôt à faire la même chose en vivant vraiment en adéquation avec les valeurs que nous défendons. Parce que c’est en incarnant le changement que l’on amène le changement…

Extrait :

Il y a, dans notre société, beaucoup de réalités que je trouve inacceptables : les inégalités sociales croissantes, l’absence d’une véritable démocratie, la destruction de la nature et la détérioration de l’environnement, pour ne nommer que celles-là. Je ne suis pas seul à penser ainsi ; je fais partie de cette grande famille de la gauche qui, tout au long de l’histoire moderne, s’est préoccupée du bien commun. Nous rêvons, nous discutons, nous écrivons, nous mettons sur pied des organisations, nous militons...

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Portfolio

Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Blogues

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...