Édition du 28 octobre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Quand la cavalerie débarque pour 60 manifestant.es

Le droit de manifester menacé par une présence policière accrue

La fin de l’été marque non seulement le retour des classes et des routines, mais aussi celui des mobilisations citoyennes.

Dans un contexte où le climat social se tend au sud de la frontière, les signes d’un durcissement se font sentir au Québec aussi. Depuis quelques années, les manifestations se déroulent sous une surveillance policière de plus en plus lourde. Laissez-nous vous parler de la manifestation du 12 juin dernier, un exemple parmi tant d’autres.

Nous participions à un rassemblement devant le métro Lionel-Groulx. Le but : dénoncer la nouvelle hausse du transport collectif, le tarif mensuel annoncé à Montréal qui allait passer de 100 $ à 104,50 $ au 1er juillet, soit une hausse de 4,5 %.

L’accès au transport collectif pour les personnes à moyens ou à faibles revenus est de plus en plus prohibitif. Non seulement le prix du billet individuel a connu une hausse l’an dernier à 3,75 $ pour un aller simple, mais la carte mensuelle est rendue hors de prix. À chaque année, au moment de la hausse des tarifs, une manifestation est organisée pour lever un drapeau rouge.

La manifestation du 12 juin comptait une soixantaine de manifestants. Elle s’est tenue sans aucun débordement, comme à chaque année. Pourtant, l’escorte policière avait tout prévu pour limiter la casse comme s’il y avait un danger imminent. L’antiémeute, les paniers à salade, des voitures, des motos, des vélos et même la cavalerie du SPVM se tenaient à l’affût. C’était nettement démesuré, sans parler des coûts exorbitants engendrés par ce déploiement spectaculaire inutile.

Depuis quelque temps, on s’aperçoit d’un phénomène assez troublant. Moins il y a de manifestants, plus la proportion des effectifs policiers semble être en augmentation. Ce qui fait craindre à certains leurs prochaines participations à ces contestations tout à fait légitimes. C’est carrément intimidant.

Le prétexte invoqué est d’assurer la sécurité des participants. Mais, lorsque les forces policières armées sont ainsi déployées, elles provoquent de l’insécurité ou simplement de la peur. On vous a à l’œil, pourrait-on dire.

Les autorités, les premiers ministres du Québec et du Canada, la mairesse de Montréal, tout ce beau monde nous assurent régulièrement que le droit de manifester doit être préservé. Mais lorsqu’il y a plus de policiers présents que de manifestants lors des rassemblements, nous sentons-nous réellement libres d’exercer notre désaccord avec les choix politiques de nos élus ? Poser la question, c’est y répondre. Il faut refuser cette tendance qui crée un climat social oppressant et malsain. La démocratie, si chère à notre état de droit, doit créer des conditions favorables à l’exercice de notre droit de manifester. Là, c’est plutôt le contraire qui se passe et c’est inquiétant.

Au niveau du SPVM, il devrait y avoir des critères pour évaluer les risques réels de débordements et non ceux fantasmés. Montréal, loin de là, n’est pas Washington où l’intimidation de la garde nationale est devenue quotidienne et où l’on tente, par tous les moyens possibles, de limiter la participation citoyenne à toute contestation. Il ne serait pas souhaitable que cette tendance fasse des petits de notre côté de la frontière.

Isabelle Mailloux-Béique et Dominique Gagnon pour le collectif les Assoiffé.es de justice de l’ACEF du Nord de Montréal

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